Les droits des joueurs au cœur des enjeux de la saison…
C’est connu de tous, en situation pré-électorale, les candidats en général – mais encore plus le candidat sortant - accordent une attention particulière à leur électorat. Ainsi, les différents candidats à la présidence de la FECAFOOT ne vont pas déroger à cette bonne vielle habitude. Ils feront une cour assidue aux présidents de clubs qui constituent plus de 90 % du collège électoral. Le 16 novembre dernier, en cooptant deux présidents de clubs au sein du Comité Exécutif de l’instance faitière du football camerounais, le président de la FECAFOOT, Samuel ETO’O a donné le ton.
Enjeu électoral : « Présidents, je suis à votre service »
*En amenant les présidents Pierre BATAMACK d’Avion Académie et Pascal ABUNDE de PWD de Bamenda dans le Comité Exécutif de la FECAFOOT, le président sortant a de façon implicite indiqué qu’il est désormais en campagne.
Par ce geste, il indique qu’il accordera quasiment tous les privilèges aux présidents de clubs, y compris aux plus insolvables et indélicats. Sinon, comment comprendre que deux présidents de clubs épinglés tout au long de la saison 2023-2024 par le « BAROMETRE DES SALAIRES » comme étant parmi les plus mauvais payeurs de nos championnats « professionnels » aient été cooptés – par Samuel ETO’O – au Comité Exécutif de la FECAFOOT ?
Cette double cooptation sonne à la fois comme une prime à l’insolvabilité et un geste d’antijeu manifeste contre joueurs et joueuses, une attaque à leurs Droits.
Enjeu syndical : « Museler le SYNAFOC, la voie - EXCLUSIVE - des joueurs »
Conscient du fait qu’ils constituent la majorité obèse du corps électoral, les présidents de clubs se sentent désormais en position d’extrême force vis à-vis des joueurs. Il y a par conséquent fort à parier qu’ils ne respectent que très peu leurs engagements contractuels tout au long de l’actuelle saison et même de la prochaine. Toutes choses qui vont provoquer un recul assez important du respect des droits et des intérêts des joueurs signifiant du même coup l’arrêt des quelques avancées péniblement obtenues. Les grognes et autres mouvements d’humeurs des joueurs observés les saisons dernières et même au début de l’actuelle saison risquent par conséquent de s’accroitre. Il y a fort à parier que le nombre de plaintes et requêtes des joueurs pour non-respect des engagements contractuels par les clubs augmente de façon exponentielle, tant au niveau du SYNAFOC que par devant les instances juridictionnelles nationales et internationales.
C’est dans ce même élan que s’inscrit la tentative de museler la voix des joueurs pour faire la place belle à une soi-disant association de défense des intérêts des joueurs mais qui est en réalité gérée dans le cabinet du Président de la FECAFOOT par un employé de la Fédération plus guidée par ses intérêts personnels que par celui des joueurs.
Enjeu salarial : « Le bon comme le mauvais viennent d’en haut »
En ne respectant pas sa propre circulaire 064/FCF/SG/DDF/CLM/2024 notamment le point 5 consacré aux critères financiers qui stipule que : « Tout club ayant des impayés vis-à-vis de son personnel ne pourrait pas prendre part au championnat MTN Elite One saison 2024 – 2025 », la FECAFOOT a non seulement décidé d’accorder une prime aux clubs insolvables mais aussi envoyer un mauvais signal aux clubs qui ne manqueront pas de l’imiter.
Dans un communiqué publié le 6 décembre 2024 - soit 24 heures avant le lancement de la saison - le Secrétaire Général du Conseil Transitoire du Football Professionnel (CTFP), Faustin Blaise MBIDA annonce lui-même que Yong Sports Academy de Bamenda n’a pas rempli les conditions d’engagement au championnat MTN Elite One. Mais paradoxalement, le club du Nord-Ouest a bel et bien pris part à la première journée dudit championnat.
Si on s’en tient aux conditions énoncées dans cette même circulaire, l’Union Sportive Douala condamnée par une décision la Chambre Nationale de Résolution des Litiges (N°050/FECAFOOT/CNRL/2019) de la FECAFOOT à payer la somme de 6 800 000 FCFA au joueur Joseph EYOCK, n’aurait pas dû prendre part au championnat. Malgré le paiement partiel d’un montant de 3 413 284 F CFA effectué par la fédération au profit du joueur, l’Union Sportive de Douala reste redevable de la somme de 3 400 000 FCFA vis-à-vis du joueur et n’aurait pas dû prendre part au championnat
Au-delà du fait qu’il s’agit là d’une violation flagrante de ses propres règles et de celles de la Confédération Africaine de Football (CAF), par ces deux faits la FECAFOOT et son omniprésent président démontrent si besoin en était encore que cette saison, rien ne sera quasiment fait pour que les joueurs soient régulièrement payés. Enfin, pour les joueurs qui n’ont pas pris le soin de déposer des requêtes, ce sera une perte sèche.
Par ailleurs, bien que la fédération ait une fois de plus opté de jouer tous les rôles, notamment celui de la Ligue de Football Professionnel du Cameroun, elle n’a malheureusement enregistré ni nouveaux sponsors, ni nouveaux revenus.
Par le principe des vases communicants, les clubs non plus n’auront pas de nouveaux revenus avec comme conséquence directe, les joueurs dans une plus grande précarité. Nous sommes loin, très loin du 5 janvier 2022 au siège du SYNAFOC à Douala - Yassa ou le président de la fédération fraichement élu annonçait goguenard qu’il s’engage à doubler les salaires des joueurs saison après saison
L’insolvabilité quasi généralisée de la saison dernière s’accentuera immanquablement cette saison et pourrait atteindre des seuils critiques. Le ton des revendications salariales et primes a d’ailleurs déjà été donné le 6 décembre 2024 par les joueurs du Canon Sportif de Yaoundé, qui 48 heures avant leur rencontre de la première journée de MTN Elite One, ont adressé une menace de grave aux dirigeants du club. Une correspondance signée par ensemble de l’effectif du club.
Enjeu sportif et médical : « Footballeurs traités comme du bétail »
Le début tardif des championnats après une trêve qui a duré presque huit interminables mois et la coupure que devrait nous imposer la CAN Maroc 2025 auront des conséquences néfastes sur le calendrier et donc la santé mentale et physique des joueurs.
La longue trêve de près de huit mois et la cadence des matchs à venir vont exposer les joueurs à la fatigue et aux blessures musculaires. Ceci va sérieusement impacter les performances individuelles et collectives des joueurs et par conséquent les résultats sportifs des clubs. Toutes choses qui vont déteindre sur la qualité et le niveau des championnats.
Conclusions : « Misère aux joueurs…, petites attentions aux présidents »
Au regard de tout ce qui précède, on peut conclure sans risque de se tromper que la saison 2024 – 2025 sera cauchemardesque pour les acteurs principaux : joueurs et joueuses. Une saison au cours de laquelle le président de la FECAFOOT, Samuel ETO’O et son Comité Exécutif, dans leur ambition de briguer un nouveau mandat, n’hésiteront pas à sacrifier les droits des joueurs pour consacrer l’insolvabilité et l’impunité des clubs.
Ces clubs que les responsables fédéraux du football camerounais considèrent comme « du simple bétail électoral », à qui il va falloir - durant les 12 prochains mois – accorder une attention particulière, bien prendre soin, faire semblant « d’engraisser » tout le monde et surtout ne pas hésiter à caresser dans le sens du poil, tout en y faisant attention à ne frustrer personne. La manœuvre durera le temps de cette période pré-électorale, soit jusqu’en décembre 2025.